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l’aptitude qu’il a à s’en assimiler aisément le côté extérieur (aptitude que l’éducation moderne a rendue accessible aux classes éclairées), était amené naturellement à ne s’occuper que de la musique absolue et dégagée de tout ensemble lingual. Cela lui permit en outre d’observer partout, en lieu et place, la marche du développement de l’art musical ; il suivait partout et toujours ses pas.

Il est à remarquer qu’il ne fit que suivre ce développement sans marcher avec lui, et, à plus forte raison, sans le devancer. Il ressemblait à l’étourneau qui suit la charrue dans les champs et qui picoté gaiement dans le sillon fraîchement tracé les vers de terre amenés à la surface. Pas une seule direction ne lui appartient en propre, il n’a fait que les surprendre chez ses prédécesseurs, les exploitant avec une incroyable ostentation. Il le faisait avec une rapidité étonnante ; à peine son devancier, qu’il écoutait, avait-il prononcé un mot, qu’il achevait immédiatement toute la phrase, sans se soucier s’il avait bien compris le sens de ce mot. Il en advint généralement qu’en réalité il disait toujours autre chose que ce qu’on avait voulu exprimer ; mais le