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bruit que faisait la phrase de Meyerbeer était si assourdissant que celui qui le devançait n’arrivait plus à manifester le sens réel de ses mots ; qu’il le voulût ou non, ce dernier était forcé, pour prendre part à la conversation, de faire chorus avec la phrase de Meyerbeer.

En Allemagne, Meyerbeer ne réussit point à trouver une phase de jeunesse ; ce que Weber manifestait dans la plénitude de sa vie mélodique, ne pouvait se répéter dans le formalisme appris et sec de Meyerbeer. Las enfin d’une peine inutile, il écoula avec une amitié traîtresse la voix de sirène de Rossini et se rendit au pays où poussent les raisins secs [1], Il devint ainsi la girouette du ciel musical en Europe, girouette qui par les changements de vent reste indécise, tournant sur elle-même ; puis, quand le vent s’est fixé dans une direction, s’arrête également. Meyerbeer composa en Italie des opéras à la Rossini jusqu’au jour où, à Paris, le grand

  1. Il y a ici un jeu de mots intraduisible ; il peut s’appliquer également aux mots : Rossini, Rosine, et enfin à rosinen, en français, raisins secs.
    (Note du traducteur.)