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cette essence intime, parle également à nous par cet œil, lequel nous montre cet intérieur de la manière la plus expressive, mais toujours de façon que nous ne voyons que le rayon de la pupille et non pas l’organisme intérieur dans sa nudité.

Quand le peuple inventa la mélodie, il procéda, comme procède l’homme qui, par l’acte involontaire de l’accouplement sexuel engendre l’homme. L’homme ainsi engendré, quand il arrive à la lumière du jour, est achevé dès qu’il se manifeste par sa forme extérieure, et non pas seulement lorsqu’il se révèle par son organisme intérieur. L’art grec ne concevait cet homme que dans sa forme extérieure et s’appliquait à le reproduire d’une façon fidèle et vivante avec la pierre et l’airain. Le christianisme, au contraire, a procédé par l’anatomie ; voulant découvrir l’âme de l’homme, il ouvrit, et découpa le corps et mit à nu tout l’organisme intérieur, organisme qu’il nous répugnait de regarder, précisément parce qu’il ne devait pas être mis sous nos yeux. Mais en recherchant l’âme, nous avons tué le corps ; en voulant découvrir la source de la vie, nous avons anéanti la manifestation de la vie, et nous avons