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doit être supposée achevée chez l’artiste de prime abord ; il n’a fait que briser la forme étroite, — cette forme contre laquelle le compositeur d’opéra luttait en vain, — il l’a résolue en ses éléments, pour les réunir par une création organique dans un tout, dans un ensemble nouveau, mettant en contact les éléments de diverses mélodies, comme pour démontrer la parenté organique des éléments les plus distincts en apparence ainsi que la parenté native de ces mélodies diverses. Beethoven nous révèle par là, l’organisme intérieur de la musique absolue : il lui importait, en quelque sorte, d’établir cet organisme par la mécanique, de revendiquer pour lui la vie intérieure et de le montrer en pleine vie dans l’acte même de l’enfantement. Mais ce n’était toujours qu’avec la mélodie absolue qu’il fécondait cet organisme ; il l’animait ainsi en l’exerçant pour ainsi dire à l’enfantement, en lui faisant procréer à nouveau la mélodie déjà achevée. Ce procédé l’amenait à fournir la semence fécondante à l’organisme de la musique. Muni maintenant de la faculté d’enfantement il l’emprunta, cette semence fécondante, à la force génératrice du poëte.