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certaines formules finales chez Mozart, prendre un tel ton à propos d’un tel génie est une insolence du plus mauvais goût. Mais oublions cette erreur, que M. Wagner voudra, sans doute, abjurer et poursuivons une voie où nous sommes heureux de le rencontrer.

Les ouvertures de Beethoven sont, pour lui, le dernier degré du sublime. Ce qu’il dit de l’ouverture d’Eléonore est remarquablement senti ; on ne saurait exprimer mieux l’admiration qu’on éprouve en écoutant cette œuvre d’un géant. Cependant M. Wagner ne la propose pas pour modèle, « parce qu’elle explique, par une anticipation trop pleine de feu, son dénouement. Et l’on doit en conclure, ou que l’auditeur ne la comprend pas du tout, ou qu’il la saisit mal, s’il ne devine pas à l’avance toute l’action. Si, au contraire, cette ouverture est bien comprise par lui, elle affaiblit à l’avance l’intérêt du drame. »

Nous partageons l’admiration de M. Wagner pour l’ouverture d’Eléonore, mais nous ne souscrivons pas à ses réserves. Aussi expressive que puisse être la musique d’une ouverture, elle ne va pas jusqu’à jaconter la pièce de façon à nuire à l’effet imprévu