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François, qui regrettait plus que jamais d’avoir cédé sa carabine, tournait autour de l’énorme bête, dont le corps massif semblait gonflé comme un ballon. « On dirait un gros cochon, disait-il à Sulpice.

— Tu as raison : le tapir est de la même famille.

— Et sa chair est-elle aussi bonne ?

— Pas tout à fait, mais elle est mangeable. Les Indiens d’autrefois la mangeaient, et du cuir très épais de l’animal ils faisaient leurs boucliers de guerre. Nos hommes n’en feront pas fi, loin de là ; la viande fraîche leur paraît toujours excellente, et il y aura de quoi nourrir la colonie pendant deux jours : aussi nous allons retourner au camp le plus vite possible, afin qu’on vienne enlever le gibier avant que les fauves en prélèvent leur part.

— Mais on ne pourra jamais l’enlever ?

— Si ; on amènera deux paires de bœufs, ils le traîneront ; nous l’aurons ce soir même, et demain malin nous pourrons nous offrir lui bifteck ou un entrecôte de tapir.

— Toi, Bénito, comme tu marches beaucoup plus vite que nous, tu vas filer en avant. Tu avertiras don Enrique et tu reviendras avec les bœufs et les hommes, que tu conduiras près de notre victime ; Pancho, d’Artagnan et moi, nous nous en retournerons en flânant. »

L’Indien partit et fit telle diligence que le convoi de bœufs guidé par lui croisa les chasseurs à deux kilomètres à peine du camp. Frémont l’avait accompagné pour revoir plus tôt son fils et Sulpice, qu’il félicita sur les beaux résultats de leur journée.