Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/150

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Bref, il faut penser, parler et agir avec Dieu comme tout le monde nous entendant ; vivre et converser avec le monde comme Dieu le voyant. Ce n’est pas respecter et honorer le nom de Dieu comme il faut, mais plustost le violer, que de le mesler en toutes nos actions et paroles legerement et promiscuement, comme par exclamation, ou par coustume, ou sans y penser, ou bien tumultuairement et en passant ; il faut rarement et sobrement, mais serieusement, avec pudeur, craincte et reverence, parler de Dieu et de ses œuvres, et n’entreprendre jamais d’en juger. Voylà sommairement pour la pieté, laquelle doibt estre en premiere recommandation, contemplant tousiours Dieu d’une ame franche, alegre et filiale, non effarouchée ny troublée, comme les superstitieux. Pour les particularitez, tant de la creance qu’observance, il faut, d’une douce soubmission et obeyssance, s’en remettre et arrester entierement à ce que l’eglise en a, de tout temps et universellement, tenu et tient, sans disputer et s’embrouiller en aucune nouveauté ou opinion triée et particuliere, pour les raisons desduictes ez premier et dernier chapitres de nostre troisiesme verité ,