Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que bien gouverner et se bien maintenir en son estat, gist à s’acquerir deux choses, bienveillance et authorité. La bienveillance est une bonne volonté et affection envers le souverain et son estat ; l’authorité est une bonne et grande opinion, une estime honorable du souverain et de son estat. Par le premier, le souverain et l’estat est aymé : par le second, il est crainct et redoubté. Ce ne sont pas choses contraires, mais bien differentes, comme l’amour et la craincte. Toutes deux regardent les subjects et les estrangers ; mais il semble que plus proprement la bienveillance regarde les subjects, et l’authorité les estrangers : (…). à parler tout simplement et absolument, l’authorité est plus forte et vigoureuse, plus auguste et plus durable. Le temperament et l’harmonie des deux est chose parfaicte ; mais, selon la diversité des estats, des peuples, leurs naturels et humeurs, l’une est plus aisée, et aussi plus requise en aucuns lieux qu’en autres. Les moyens d’acquerir tous les deux sont touchez et comprins en ce qui a esté dict cy-dessus, specialement de la vertu et des mœurs du souverain ; nonobstant nous en parlerons de chascune un