Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome II, 1827.djvu/367

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En distribution des loyers, dons et bienfaicts, il s’y doibt porter prompt et volontaire, les donner avant qu’ils soyent demandez, s’il se peust, et n’attendre pas qu’il luy faille les refuser ; et les donner luy-mesme, s’il peust, ou les faire donner en sa presence. Par ce moyen les dons et bienfaicts seront beaucoup mieux receus, auront plus d’efficace ; et l’on esvitera deux grands inconveniens ordinaires, qui privent les gens d’honneur et de merite des loyers qui leur sont deubs : l’un est une longue poursuite, difficile et pleine de despense, qu’il convient faire pour obtenir ce que l’on veust et l’on pense avoir merité ; ce qui est grief à gens d’honneur et de cœur : l’autre, qu’après avoir obtenu du prince le don avant qu’en pouvoir jouyr, il couste la moitié et plus de ce que vaut le bienfaict, et encore quelquesfois viendra à rien. Venons à l’action militaire du tout necessaire à la tuition et deffense du prince, des subjects et de tout l’estat ; traictons-la briefvement. Toute ceste matiere revient à trois chefs, entreprendre, faire, finir la guerre. à l’entreprinse faut deux choses ; justice et prudence, et fuyr du tout les contraires, l’injustice et la temerité. Il faut premierement que la guerre soit juste : la justice doibt marcher devant la vaillance, comme le deliberer va devant l’executer. Il faut abominer