Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/121

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opre, vraye et naturelle, pour en acquerir une artificielle. C’est se faire mocquer et desestimer, qui est tout le rebours de ce qu’ils pretendent ; c’est convier les enfans à finement se porter avec eux, et conspirer à les tromper et amuser. Les parens doibvent de bonne heure avoir reiglé leurs ames au debvoir par la raison, et non avoir recours à ces moyens plus tyranniques que paternels. (…). En la dispensation derniere des biens, le meilleur et plus sain est de suyvre les loix et coustumes du pays. Les loix y ont mieux pensé que nous, et vaut mieux les laisser faillir, que de nous hazarder de faillir en nostre propre choix. C’est abuser de la liberté que nous y avons, que d’en servir nos petites fantasies, frivoles et privées passions, comme ceux qui se laissent emporter à des recentes actions officieuses, aux flatteries de ceux qui sont presens, qui se jouent de leurs testamens, à gratifier ou chastier les actions de ceux qui y pretendent interest, et de loin promettent