Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/122

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ou menacent de ce coup : folie. Il se faut tenir à la raison et observance publicque, qui est plus sage que nous : c’est le plus seur. Venons maintenant au debvoir des enfans aux parens, si naturel, si religieux, et qui leur doibt estre rendu, non poinct comme à hommes purs et simples, mais comme à demy-dieux, dieux terriens, mortels, visibles. Voylà pourquoy Philon, juif, a dit que le commandement du debvoir des enfans estoit escrit moitié en la premiere table, qui contenoit les commandemens qui regardent le droict de Dieu, et moitié en la seconde table, où sont les commandemens qui regardent le prochain, comme estant moitié divin et moitié humain. Aussi est-ce un debvoir si certain, si estroictement deu et requis, qu’il ne peust estre dispensé ny vaincu par tout autre debvoir ny amour, encore qu’il soit plus grand : car advenant qu’un aye son pere et son fils en mesme peine et danger, et qu’il ne puisse secourir à tous deux, il faut qu’il aille au pere, encore qu’il ayme plus son fils, comme a esté dict cy-dessus. Et la raison est que le debte du fils au pere est plus ancien et plus privilegié, et ne peust estre absous et effacé par un suyvant debte. Or ce debvoir consiste en cinq poincts, comprins