Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/35

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regarde pas tant à plaire, comme d’estre utile et profiter, soit-il doucement ou rudement ; comme le bon medecin à son malade pour le guarir. 5 il veust quelquesfois usurper la liberté de l’amy à reprendre ; mais c’est bien à gauche : car il s’arrestera à de petites et legeres choses, feignant n’en voir et n’en sentir de plus grandes ; il fera le rude censeur contre les autres parens, serviteurs du flatté, de ce qu’ils ne font leur debvoir envers luy : ou bien feindra d’avoir entendu quelques legeres accusations contre luy, et estre en grande peine d’en sçavoir la verité de luy-mesme ; et, venant le flatté à les nier, ou s’en excuser, il prend de là occasion de le loüer plus fort. Je m’en esbahyssois bien, dira-il, et ne le pouvois croire ; car je vois le contraire : comment prendriez-vous de l’autruy ? Vous donnez tout le vostre, et ne vous souciez d’en avoir. Ou bien se servira de reprehension pour dadvantage flatter, qu’il n’a pas assez de soin de soy, n’espargne pas assez sa personne si requise au public, comme fit un senateur à Tybere en plein senat avec mauvaise odeur. 6 bref, j’acheveray par ce