Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome III, 1827.djvu/34

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a flatterie est bientost suyvie de l’interest particulier, et en cela se cognoist : l’amy ne cherche poinct le sien. 2 le flatteur est changeant et divers en ses jugemens, comme le miroir et la cire, qui reçoit toutes formes : c’est un chameleon, un polypus ; feignez de loüer ou vituperer et hayr, il en fera tout de mesme, se pliant et accommodant selon qu’il cognoistra estre en l’ame du flatté. L’amy est ferme et constant. 3 il se porte trop ambitieusement et chaudement en tout ce qu’il faict, au sceu et veu du flatté, à loüer et s’offrir à servir. Il ne tient pas de moderation aux actions externes, et au contraire au dedans il n’a aucune affection ; c’est tout au rebours de l’amy. 4 il cede et donne tousiours le haut bout et la victoire au flatté, et luy applaudit, n’ayant autre but que de plaire, tellement qu’il louë et tout et trop, voire quelquesfois à ses despens, se blasmant et humiliant, comme le luitteur qui se baisse pour mieux atterrer son compagnon. L’amy va rondement, ne se soucie s’il a le premier ou second lieu, et ne