Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/169

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se fermer tous ses temples, ses ministres sacrifiés et son ancien culte banni sous peine de mort -. On lui apprend qu’il n’y a point de vengeance céleste 2 , mais une guillotine ; tandis que par un jargon contradictoire et inexplicable, on lui dit d’adorer les vertus, pour lesquelles on institue des fêtes , où de jeunes filles vêtues de blanc et couronnées de roses entretiennent sa curiosité imbécille , en chantant des hymnes en l’honneur des dieux 3 . Ce malheureux peuple confondu , ne sait plus où il est , ni s’il existe. En vain il se cherche dans ses antiques usages , et il ne se retrouve plus. Il voit , dans un costume bizarre 4 , une nation étrangère errer sur ses places publiques. S’il demande ses jours de fêtes ou de devoirs accoutumés , d’autres appellations frappent son oreille. Le jour de repos a disparu. Il compte au moins que le retour fixe de l’année ramènera l’état naturel des choses , et apportera quelques soulagements à ses maux : espérances

1 Pour y substituer le culte de la Grèce.

2 L’athéisme de la Convention est bien connu.

3 Imités de Lacédémone et de toute la Grèce. A Sparte , on plaçoit la statue de la Mort à côté de celle du Sommeil ; ce qui a pu inspirer aux Jacobins l’idée de l’inscription qu’ils vouloient graver sur les tombeaux : La mort a>i l’éternel sommeil. (Pausan., lib. m , c. 18. )

4 Le bonnet des hommes et la presque nudité des femmes sont encore originairement de Sparte , quoique j’en donnerai d’autres exemples. ( Meurs. , Miscell. Lacon. , lib. i , cap. 17. )