Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/170

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100 RÉVOLUTIONS ANCIENNES. déçues ! Gomme s'il étoit condamné pour jamais à ce nouvel ordre de misère , des mois ignorés semblent lui dire que la révolution s'étend jus- qu'au cours des astres ; et dans cette terre de pro- diges , il craint de s'égarer au milieu des rues de la capitale , dont il ne reconnoît plus les noms 1 . En même temps que tous ces changements dérangent la tête du peuple, les notions les plus étranges viennent bouleverser son cœur. La fidélité dans le secret , la constance dans l'ami- tié , l'amour de ses enfants , le respect pour la religion , toutes les choses que depuis son enfance il souloit tenir bonnes et vertueuses , ne sont , lui dit-on , que de vains noms , dont les tyrans se servent pour enchaîner leurs esclaves. Un ré- publicain ne doit avoir ni amour, ni fidélité , ni respect que pour la patrie 2 . Résolus d'altérer la nation jusque dans sa source , les Jacobins , sachant que l'éducation fait les hommes , obli- gent les citoyens à envoyer leurs enfants à des écoles militaires , où on va les abreuver de fiel et de haine contre tous les autres gouverne- ments. Là, préparés par les jeux de Lacédémone à la conquête du monde 3 , on leur apprend à

1 Les changements des noms des rues , des mois , etc. , sont trop connus pour avoir besoin de notes.

2 Ici évidemment toute la morale de Lycurgue pervertie et pliée à leur vue. ( Voy. Plut, in Lycurg. )

i Les gymnases. On sait que le caractère dominant de Sparte

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