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��162 REVOLUTIONS ANCIENNES.

même, puisqu'à ne compter que leurs avantages, on n'y trouve aucune sorte d'utilité réelle, sans inconvénients qui ne la surpassent. Or, par une suite de son inutilité même , le théâtre , qui ne peut rien pour corriger les mœurs , peut beaucoup four les altérer. En favorisant tous nos penchants , il donne un nouvel ascendant à ceux qui nous

que tous gouvernements se ressemblent ; que républicain et royaliste ne sont que deux mots pour la même chose. Hélas.' l'infortuné philosophe ne l'a que trop appris.

J'ai cru qu'un mot sur un homme aussi célèbre dans la révo- lution, ne déplairoit pas au lecteur. La Notice que M. Gin- guené a préfixée à l'édition des œuvres de son ami, doit d'ailleurs satisfaire tous ceux qui aiment le correct, l'élégant, le chaste.^ Mais pour ceux qui, comme moi, connurent la liaison intime qui exista entre M. Ginguené et M. Chamfort , qu'ils lo- geoient dans la même maison et vivoient pour ainsi dire en- semble , cette Notice a plus que de la pureté. En n'écrivant qu'à la troisième personne , M. Ginguené a été au cœur , et la douleur de l'ami, luttant contre le calme du narrateur, n'échappe pas aux âmes sensibles. Au reste, je dois dire qu'en parlant de plusieurs gens de lettres que je fréquentai autrefois , je rem- plis pour eux ma tâche d'historien , sans avoir l'orgueil de chercher à m'appuyer sur leur renommée. Lorsque j'ai vécu parmi eux , je n'ai pu m'associer à leur gloire : je n'ai partage que leur indulgence *.

  • Outre l'impertinence de la comparaison de quelques

maximes spirituelles de Chamfort , avec les maximes des Sages de la Grèce , il y a complète erreur dans le juge- ment que je porte ici de Chamfort lui-même. Je rétracte, dans toute la maturité de mon âge, ce que j'ai dit de cet homme dans ma jeunesse. Il me seroit même impos- sible aujourd'hui de concevoir mon premier jugement , si je ne me souvenois de l'espèce d'empire qu'exerçoit sur moi toute renommée littéraire. INouv. Ed.

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