Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/235

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AV. J.-C. 509. = OL. 67. 165

bien votre cœur , ô Frédéric ! Pourrez - vous vous résoudre à mourir , sans avoir été le plus grand des hommes ?

Puissé-je voir Frédéric, le juste et le redouté, couvrir enfin ses Etats d'un peuple heureux , dont il soit le père ! et J.-J. Rousseau, l'ennemi des rois, ira mourir au pied de son trône.

Que Votre Majesté daigne agréer mon profond respect 1 .

La noble franchise de ces deux lettres est digne des philosophes qui les ont écrites. Mais l'humeur perce dans celle d'Heraclite; celle de Jean-Jacques, au contraire, est pleine de me- sure \

On se sent attendrir par la conformité des destinées de ces deux grands hommes , tous

1 Œuv. compl. de Rousseau, tom. xxvn, pag 206.

a Non , la lettre de Rousseau n'est point pleine de mesure ; elle cache autant d'orgueil que celle d'Heraclite. Dire à un roi : « Faites du bien aux hommes , et à ce prix vous me verrez, » c'est s'estimer un peu trop. Fré- déric , en donnant de la gloire à ses peuples , pouvoit trouver en lui-même une récompense, pour le moins aussi belle que celle que lui offroit le citoyen de Genève. Que le talent ait la conscience de sa dignité , de son mérite , rien de plu* juste ; mais il s'expose à se faire méconnoî- tre quand il se croit le droit de morigéner les peuples , ou de traiter avec familiarité les rois.

Nouv. Ed.

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