166 REVOLUTIONS ANCIENNES.
deux nés à peu près dans les mêmes circon- stances, et à la veille d'une révolution ; et tous deux persécutés pour leurs opinions. Tel est l'esprit qui nous gouverne : nous ne pouvons souffrir ce qui s'écarte de nos vues étroites , de nos petites habitudes. De la mesure de nos idées , nous faisons la borne de celles des autres. Tout ce qui va au delà nous blesse. « Ceci est bien, ceci est mal, » sont les mots qui sortent sans cesse de notre bouche. De quel droit osons-nous prononcer ainsi ? Avons-nous compris le motif secret de telle ou telle action? Misérables que nous sommes , savons-nous ce qui est bien , ce qui est mal ? Tendres et sublimes génies d'Hé- raclide et de Jean- Jacques! que sert-il que la postérité vous ait payé un tribut de stériles
honneurs? Lorsque, sur cette terre ingrate,
vous pleuriez les malheurs de vos semblables vous n'aviez pas un ami a .
a J'ai relu les ouvrages de Rousseau , afin de voir s'ils justifieroient , au tribunal de ma raison mûrie et de mon goût formé , l'enthousiasme qu'ils m'inspiroient dans ma jeunesse.
Je n'ai point retrouvé le sublime dans Y Emile , ou- vrage d'ailleurs supérieurement écrit quant aux formes du style, non quant à la langue proprement dite ; ouvrage où l'on rencontre quelques pages d'une rare éloquence , mais ouvrage de pure théorie, et de tout point inapplicable.
On sent plus dans X Emile l'humeur du misanthrope
�� �