Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/319

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AY. J.-C. 509. =0L. 67. 24!)

extraordinaire d'échange et de communication d'idées, n'étoit point inventée; chaque peuple, vi\ ant isolé, igno- roit ce qui se passoit chez le peuple voisin. Comparer la chute des Pisistratides à Athènes (qui d'ailleurs n'étoient que des usurpateurs de l'autorité populaire) à la chute des Bourbons en France ; rechercher laborieusement quelle fut l'influence républicaine de la Grèce sur l'Egypte, sur Carthage, sur l'Ibérie, sur la Scythie, sur la Grande Grèce \ trouver des rapports entre cette influence et l'influence de notre révolution sur les divers gouvernements de l'Eu- rope, c'est un completoubli, ou plutôt une falsification ma- nifeste de l'histoire. Il est très-douteux que la Scythie, l'Egypte, et même Carthage , aient jamais entendu parler d'Hippias ; et si Carthage attaqua les colonies grecques à l'instigation du roi de Perse , on ne peut voir là qu'un de ces faits isolés, qu'un résultat de cette ambition par- ticulière qui, dans tous les temps, a excité un peuple à profiter des divisions d'un autre peuple.

L'état de la société n'étoit point assez avancé chez les anciens , pour que les idées politiques devinssent la cause d'un mouvement général. On vit quelques guerres reli- gieuses, mais encore furent-elles rares et renfermées dans d'étroites limites. L'antiquité ne fit de grandes ré- volutions que par la conquête 5 les Perses , les Grecs , les Romains n'étendirent leur empire que par les armes : c'étoit la force physique et non la force morale qui ré- gnoit. Quand cette force fut passée , il resta des domi- nateurs , quelques monuments des arts , quelques lois civiles, quelques ordonnances municipales, quelques rè- gles d'administration , mais pas une idée politique.

Rome étoit déjà formidable , elle étoit prête à éten- dre sa main sur l'Orient, que les Grecs connoissoient à peine son existence , qu'ils ignoroient et les révolutions

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