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286 RÉVOLUTIONS ANCIENNES.

le front de l'Indien comme sur le nôtre , une ex- pression inquiète et agitée. Il porte seulement avec lui cette légère affection de mélancolie qui s'engendre de l'excès du bonheur, et qui n'est peut-être que le pressentiment de son incerti- tude. Quelquefois, par cet instinct de tristesse particulier à son cœur , vous le surprendrez plongé dans la rêverie , les yeux attachés sur le courant d'une onde, sur une touffe de gazon agitée par le vent, ou sur les nuages qui volent fugitifs par-dessus sa tête , et qu'on a comparés quelque part aux illusions de la vie : au sortir de ces absences de lui-même, je l'ai souvent observé jetant un regard attendri et reconnoissant vers le ciel, comme s'il eût cherché ce je ne sais quoi inconnu, qui prend pitié du pauvre Sauvage. Bons Scythes , que n'existâtes- vous de nos jours! J'aurois été chercher parmi vous un abri contre la tempête. Loin des querelles insensées des hommes , ma vie se fût écoulée dans tout le calme de vos déserts ,* et mes cendres , peut-être honorées de vos larmes , eussent trouvé sous vos ombrages solitaires le paisible tombeau que leur refusera la terre de la patrie \

a Ce chapitre est presque tout entier dans René , dans Atala et dans quelques paragraphes du Génie du Chris- tianisme. Nouv. Ed.

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