Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/45

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PREFACE. xxv

On résolut d'ouvrir l'attaque du côté reli- gieux , d'opposer quelques pages de X Essai à quelques pages du Génie du Christianisme ,• mais une chose déconçertoit ce plan : c'étoit la préface du dernier ouvrage. Que pouvoit- on opposer à un homme qui se toit condamné lui-même avec tant de franchise ?

Arrêté par cette préface , il vint alors en pensée de détruire l'autorité de mes aveux au moyen d'une calomnie : on sema le bruit que ma mère étoit morte avant la publication de Y Essai, et qu'ainsi la préface du Génie du Christianisme reposoit sur une^able.

Ceux qui disoient ces choses étoient-ils mes amis, mes proches ? Avoient-ils vécu avec moi à Londres , reçu mes lettres , pénétré mes se- crets ? Pouvoient-ils , par leur témoignage , déterminer l'instant où j'avois répandu des pleurs ? S'ils étoient étrangers à toute ma vie; s'ils avoient ignoré mon existence jusqu'au jour où le public la leur avoit révélée ; s'ils étoient en France, lorsque je languissois dans la terre de l'exil , comment osoient-ils fonder une lâche accusation sur un fait qu'ils ne pou- \ oient ni savoir, ni prouver ? Ah ! loin de moi la pensée que des hommes qui prétendoient fixer l'époque de mes malheurs , avoient des raisons particulières de la connoître !

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