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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

On avait apporté à la Chambre héréditaire un projet de loi relatif aux élections ; je me prononçai pour le renouvellement intégral de la Chambre des députés[1] ; ce n’est qu’en 1824, étant ministre, que je le fis entrer dans la loi.

Ce fut aussi dans ce premier discours sur la loi d’élections, en 1816, que je répondis à un adversaire : « Je ne relève point ce qu’on a dit de l’Europe attentive à nos discussions. Quant à moi, messieurs, je dois sans doute au sang français qui coule dans mes veines cette impatience que j’éprouve quand, pour déterminer mon suffrage, on me parle des opinions placées hors ma patrie ; et si l’Europe civilisée voulait m’imposer la charte, j’irais vivre à Constantinople. »

Le 9 avril 1816, je fis à la Chambre une proposition relative aux puissances barbaresques. La Chambre décida qu’il y avait lieu de s’en occuper. Je songeais déjà à combattre l’esclavage, avant que j’eusse obtenu cette décision favorable de la pairie qui fut la première intervention politique d’une grande puissance en faveur des Grecs : « J’ai vu, disais-je à mes collègues, les ruines de Carthage ; j’ai rencontré parmi ces ruines les successeurs de ces malheureux chrétiens pour la délivrance desquels saint Louis fit le sacrifice de sa vie. La philosophie pourra prendre sa part de la gloire attachée au succès de ma proposition et se

    1816, sur la résolution de la Chambre des députés, relative aux pensions ecclésiastiques dont jouissent les prêtres mariés. — Œuvres complètes, tome XXIII, p. 114.

  1. Opinion sur le projet de loi relatif aux élections, prononcée à la Chambre des pairs, séance du 3 avril 1816. — Œuvres complètes, tome XXIII, p. 136.