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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« Prince chrétien ! digne fils de saint Louis ! illustre rejeton de tant de monarques, avant que vous soyez descendu dans cette dernière demeure, recevez notre dernier hommage. Vous aimiez, vous lisiez un ouvrage que la censure va détruire. Vous nous avez dit quelquefois que cet ouvrage sauvait le trône : hélas ! nous n’avons pu sauver vos jours ! Nous allons cesser d’écrire au moment que vous cessez d’exister : nous aurons la douloureuse consolation d’attacher la fin de nos travaux à la fin de votre vie[1]. »


M. le duc de Bordeaux vint au monde le 29 septembre 1820. Le nouveau-né fut nommé l’enfant de l’Europe[2] et l’enfant du miracle[3], en attendant qu’il devînt l’enfant de l’exil.

  1. Article de Chateaubriand, daté du 3 mars 1820. Le Conservateur, tome VI, p. 471.
  2. Lorsque le nonce vint féliciter le roi au nom du corps diplomatique, il prononça la phrase suivante en montrant le duc de Bordeaux : « Voici le plus grand bienfait que la Providence la plus favorable a daigné accorder à la tendresse de Votre Majesté. Cet enfant de souvenirs et de regrets est aussi l’enfant de l’Europe. Il est le présage et le garant de la paix et du repos qui doivent suivre tant d’agitations ».
  3. Il est né, l’enfant du miracle !

    Héritier du sang d’un martyr,
    Il est né d’un tardif oracle,
    Il est né d’un dernier soupir !
    Aux accents du bronze qui tonne
    La France s’éveille et s’étonne
    Du fruit que la mort a porté !
    Jeux du sort ! merveilles divines !
    Ainsi fleurit sur des ruines

    Un lis que l’orage a planté.

    (La Naissance du duc de Bordeaux, par Alphonse de Lamartine.)