pressa Bonaparte de se retirer pour éviter de tomber entre les mains de l’ennemi : Bonaparte, sorti de ses pensées comme d’un rêve, s’emporta d’abord ; puis tout à coup, au milieu de sa colère, il s’élance sur son cheval et fuit[1].
Le 19 juin cent coups de canon des Invalides avaient annoncé les succès de Ligny, de Charleroi, des Quatre-Bras ; on célébrait des victoires mortes la veille à Waterloo. Le premier courrier qui transmit à Paris la nouvelle de cette défaite, une des plus grandes de l’histoire par ses résultats, fut Napoléon lui-même : il rentra dans les barrières la nuit du 21 : on eût dit de ses mânes revenant pour apprendre à ses amis qu’il n’était plus. Il descendit à l’Élysée-Bourbon : lorsqu’il arriva de l’île d’Elbe, il était descendu aux Tuileries ; ces deux asiles, instinctivement choisis, révélaient le changement de sa destinée.
Tombé à l’étranger dans un noble combat, Napoléon eut à supporter à Paris les assauts des avocats
- ↑ C’est plus rapide encore que Quinte-Curce : Darius tanti modo exercitus rex… fugiebat.
léon pendant la campagne de France, assista aux adieux de Fontainebleau, mais ne put obtenir l’autorisation d’accompagner l’Empereur à l’île d’Elbe. Louis XVIII le nomma sous-lieutenant aux mousquetaires gris et chevalier de Saint-Louis. Aux Cent-Jours, il reprit son service auprès de Napoléon, fut nommé pair le 2 juin 1815 et assista à la bataille de Ligny et à celle de Waterloo, où il tenta des efforts désespérés contre les gardes anglaises. La seconde Restauration lui supprima ses titres et ses fonctions ; mais elle ne lui tint pas rigueur jusqu’au bout. Le 31 octobre 1829, elle le nomma maréchal de camp honoraire. M. de Turenne se rallia à la monarchie de Juillet et devint pair de France le 19 novembre 1831. Frappé de cécité, quelques années plus tard, il termina ses jours dans la retraite.