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VIE DE RANCÉ

solitudes du passé. Il appela auprès de lui l’abbé Barbery.

Rancé dans ces jours-là écrivait à M. l’évêque d’Aleth : « Comme les choses que je quitte et ma séparation des embarras extérieurs sont les moindres attachements de ma vie, que je ne puis me défaire de moi-même, puisque je me trouve partout aussi misérable que je l’ai toujours été, je vous supplie de demander à Dieu ma conversion. »

L’évêque d’Aleth, Nicolas Pavillon, n’était pas un guide sûr. Dans la confusion des doctrines du temps, l’ami sur le bras duquel vous vous souteniez prenait au premier détour une autre route, et vous laissait là.

Rancé, sentant qu’il était environné de chancelants compagnons, se décida : il sortit des rangs, rompit la ligne ; déserteur d’une armée qui ne le suivait pas, il alla droit de Paris à Perseigne apprendre la nouvelle profession qu’il s’était promis d’embrasser. L’abbé de Perseigne le reçut avec joie, mais avec tremblement. Au bout de cinq mois de noviciat, il se déclara chez Rancé une maladie dont il parle dans ses lettres, maladie d’autant plus dangereuse qu’elle avait été longtemps dissimulée. Les médecins le condamnèrent