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VIE DE RANCÉ

qu’ils voulaient : il fut reconnu par Vassé, auquel il avait rendu jadis un important service. Vassé courut à lui, l’embrassa, et consentit à laisser en paix les religieux.

Revenu à Perseigne, le prieur parla d’envoyer en Touraine l’abbé, dont le noviciat n’était pas encore achevé. Le postulant s’y refusa, disant que cette tournée l’exposerait à des périls. L’historien se sert deux fois de ce mot sans le comprendre : l’explication est que Véretz, tout vendu qu’il était, barrait le chemin ; les périls qui menaçaient Rancé étaient des souvenirs. Étonné de la résistance, le prieur manda à l’abbé de Prières que le nouveau moine lui paraissait un homme attaché à son sens. L’abbé de Prières voulut parler à Rancé ; celui-ci alla le trouver à quatre lieues de Paris : le grand conspirateur de solitude le charma, car l’abbé Le Bouthillier avait des bienséances difficiles à distinguer de la véritable humilité : un éclair de la vie passée de l’homme du monde plongeait dans les rudesses de la Foi.

Avant de prononcer ses vœux à Perseigne, Rancé retourna à la Trappe : il y lut son testament ; il donne ce qui lui reste à son monastère. Il s’accuse d’avoir été, par son insouciance, la cause et un grand nombre de malversations ; il dé-