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LIVRE DEUXIÈME

le même son ; cette plainte n’indique point son objet elle se confond avec les accusations dont le souffrant charge la vie. Résolu de s’ensevelir à la Trappe, Rancé fit d’abord un voyage à son prieuré de Boulogne, puis il partit pour la Trappe, résolu de s’ensevelir au milieu de ces jardins solitaires, comme jadis les souverains à Babylone.

Les expéditions de la cour de Rome pour tenir en règle l’abbaye de la Trappe arrivèrent. Rancé aurait voulu se régénérer avec dom Bernier, ancien religieux de La Trappe mal vivant jusque alors, et enfin touché de la grâce ; mais dom Bernier ne fut prêt que quatre mois plus tard. Le 26 juin 1664, Rancé fit profession entre les mains de dom Michel de Guiton, commissaire de l’abbé de Prières, avec deux autres novices, dont l’un, appelé Antoine, avait été domestique de Rancé. De serviteur qu’il était, il devint l’égal de son maître dans les aplanissements du ciel. Quatre jours après, Pierre Félibien prit, au nom de l’abbé de Rancé, possession de l’abbaye de la Trappe en qualité d’abbé régulier. Rancé reçut la bénédiction abbatiale des mains de l’évêque irlandais d’Arda, assisté de l’abbé de Saint-Martin de Séez. L’abbé de la Trappe se ren-