Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
VIE DE RANCÉ

dont il avait secouru la mère pendant la Fronde.

Mazarin mourut le 9 mars 1661. Rentré en France, Retz entreprit deux ouvrages : l’un, sa généalogie (insipidité du temps : on compte ses aïeux lorsqu’on ne compte plus) ; l’autre, une histoire latine des troubles de la Fronde, de même que Sylla écrivit en grec ses proscriptions. Le cardinal vint saluer le roi à Fontainebleau. Reçu avec froideur, les jeunes gens se demandaient comment cet avorton avait jamais pu être quelque chose : ils n’avaient pas vu Couthon. Alors commença ou plutôt se renoua la liaison du cardinal et de madame de Sévigné.

Celle-ci, dont on a publié peut-être trop de lettres, ne pouvait se garantir de la raillerie, même envers les gens qu’elle croyait aimer : elle appelait le cardinal de Retz le héros du bréviaire. Le cardinal était à Saint-Denis en 1649. Madame de Sévigné annonce, nombre d’années après, au vieil acrobate mitré, que Molière lui lira, à lui, Trissotin, et que Despréaux lui fera connaître son Lutrin. Elle parle du bon cardinal ; elle nous apprend qu’il se fait peindre par un religieux de Saint-Victor, qu’il donnera son image à madame de Grignan, laquelle ne s’en souciait pas du tout. Madame de Sévigné se promène comme une bonne