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VIE DE RANCÉ

ramier solitaire. Ici Sacy venait répéter à Dieu la prière qu’il avait empruntée de Fulgence ; là Nicole invita Arnauld à déposer la plume ; dans cette allée écartée j’aperçois Pascal qui développe une nouvelle preuve de la divinité du christianisme ; plus loin, avec Tillemont et Lancelot se promènent Racine, La Bruyère, Despréaux, qui sont venus visiter leurs amis. Échos de ces déserts, arbres antiques, que n’avez-vous pu conserver les entretiens de ces hommes célèbres ! »

Et quel est le chrétien persuadé, le génie poétique qui s’adresse à ces illustres disparus, comme jadis à Sparte j’appelai en vain Léonidas ? C’est l’ancien évêque de Blois, approbateur de la mort et quasi juge dans le procès de Louis XVI.

Louis-le-Grand, vous avez enseigné à votre peuple les exhumations ; accoutumé à vous obéir, il a suivi vos exemples au moment même où la tête de Marie-Antoinette tombait sur la place révolutionnaire, on brisait à Saint-Denis les cercueils : au bord d’un caveau ouvert, Louis XIV tout noir, que l’on reconnaissait à ses grands traits, attendait sa dernière destruction ; représailles de la justice éternelle ! « Eh bien, peuple royal de fantômes, » je me cite (je ne suis plus