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VIE DE RANCÉ

monsieur, que je ne vous parle que pour vous seul, ce n’est pas que je ne veuille bien que l’on sache quels sont mes sentiments et mes pensées sur ce point-là ; mais je serais encore plus aise, comme c’est la vérité, que l’on ne s’imagine pas que je m’occupe des affaires qui ne me regardent point.

» Je ne saurais m’empêcher de vous dire encore qu’il n’y a rien de moins vrai que ce que l’on dit que je faisais pénitence d’avoir signé le formulaire, puisque je le signerai toutes les fois que mes supérieurs le désireront, et que je suis persuadé qu’en cela mon sentiment est le véritable. Mais je ne nie point que dans le nombre presque infini de crimes et de maux dont je me sens redevable à la justice divine, celui d’avoir imputé aux personnes qu’on appelle jansénistes des opinions et des erreurs dont j’ai reconnu dans la suite qu’ils n’étaient pas coupables n’y puisse être compris. Étant dans le monde, avant que je pensasse sérieusement à mon salut, je me suis expliqué contre eux en toute rencontre, et me suis donné sur cela une entière liberté, croyant que je le pouvais faire sur la relation des gens qui avaient de la piété et de la doctrine. Cependant je me suis mé-