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LIVRE QUATRIÈME

compté, et ce ne sera point une excuse pour moi au jugement de Dieu, d’avoir cru et d’avoir parlé sur le rapport et sur la foi des autres. Cela m’a fait prendre deux résolutions que j’espère de garder inviolablement avec la grâce de Dieu : une, de ne croire jamais le mal de personne, quelle que soit la piété de ceux qui le diront, à moins qu’ils ne me fassent voir une évidence ; l’autre est de ne rien dire jamais, à moins qu’avec l’évidence je n’y sois engagé par une nécessité indispensable ; celui qui craint les jugements de Dieu et qui sait qu’il a mérité d’en être jugé avec rigueur est bien malheureux quand il juge ses frères, puisque le plus grand de tous les moyens pour engager Jésus-Christ à nous juger dans sa miséricorde est de nous abstenir de juger.

» Je croirais faire un mal si je soupçonnais leur foi (des jansénistes) ; ils sont dans la communion et dans le sein de l’Église, elle les regardé comme ses enfants ; et par conséquent je ne puis et ne dois les regarder autrement que comme mes frères.

» Vous dites, monsieur, qu’ils sont suspects ; mais Dieu me préserve de me conduire par mes soupçons. Je sais par ma propre expérience,