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VIE DE RANCÉ

traité qui paraissait si peu s’y prêter ! Ici on ne se traîne pas sur ces adorations de femme reproduites aujourd’hui à tout propos sans les plus aimer. La lumière et l’ombre avaient bâti les édifices religieux plus que la main des hommes. Le travail de Rancé apprendra à ceux qui ne le connaissaient pas qu’il y a dans notre langue un bel ouvrage de plus.

Il se fit d’abord un profond silence, autant d’admiration que d’étonnement. Il ne fallut pas moins de deux années pour que les amours-propres et les passions se remissent du choc. Mais enfin on recouvra ses esprits, et le conflit s’engagea : il commença d’abord en Hollande, où la littérature française avait son écho ; écho protestant, qui répétait mal le son, et ne le répétait qu’aigre et sec.

Le véritable Motif de la conversion de l’abbé de la Trappe, par Laroque, que j’ai déjà cité, est une réponse aux Devoirs de la vie monastique ; il est en forme de dialogue, selon le goût du temps : Timocrate et Philandre s’entretiennent du livre de Rancé. Timocrate est un bonhomme, qui, par-ci par-là, a grande envie d’admirer le livre des Devoirs, mais Philandre le morigène ; il prétend, lui, que l’ouvrage du solitaire de la Trappe ne