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LIVRE QUATRIÈME

sont emportés par d’autres amours. « Pour vous, dit le réformateur dans un langage admirable, pour vous, mes frères, Dieu vous a levé tous ces obstacles, et vous a préservés de ces sortes de tentations en vous retirant dans la solitude. Vous êtes à l’égard du monde comme s’il n’était plus ; il est effacé dans votre mémoire comme vous l’êtes dans la sienne ; vous ignorez tout ce qui s’y passe ; ses événements et ses révolutions les plus importantes ne viennent point jusqu’à vous ; vous n’y pensez jamais que lorsque vous gémissez devant Dieu de ses misères ; et les noms mêmes de ceux qui le gouvernent vous seraient inconnus si vous ne les appreniez par les prières que vous adressez à Dieu pour la conservation de leurs personnes. Enfin, vous avez renoncé, en le quittant, à ses plaisirs, à ses affaires, à ses fortunes, à ses vanités, et vous avez mis tout d’un coup dessous vos pieds ce que ceux qui l’aiment et qui le servent ont placé dans le fond de leur cœur. »

Tel est ce traité De la sainteté et des devoirs de la vie monastique, on y entend les accents pleins et majestueux de l’orgue. On se promène à travers une basilique dont les rosaces éclatent des rayons du soleil. Quel trésor d’imagination dans un