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LIVRE PREMIER

dix-huitième année de son ministère : le génie est une royauté, par l’ère de laquelle il faut compter. Le Père Joseph, Marion de Lorme, la Grande Pastorale, sont des infirmités ensevelies avant celui auquel elles furent attachées.

Sous la régence d’Anne d’Autriche et le ministère de Mazarin, Rancé poursuivit son éducation. Dans ses cours de philosophie et de théologie, il obtint des succès que la société d’alors voyait avec un vif intérêt. Il dédia sa thèse à la mère de Louis XIV. Un jour, poussé par un professeur qui appuyait son opinion sur un passage concluant d’Aristote, il répondit qu’il n’avait jamais lu Aristote qu’en grec, et que si l’on voulait lui produire le texte, il tâcherait de l’expliquer. Le professeur ne savait pas le grec ; ce que Rancé avait soupçonné. Alors l’abbé cita de mémoire l’original, et fit voir la différence qui existait entre le texte et la version latine.

Rancé eut le bonheur de rencontrer aux études un de ces hommes auprès desquels il suffit de s’asseoir pour devenir illustre, Bossuet. Rancé commença par la cour et finit par la retraite, Bossuet commença par la retraite et finit par la cour ; l’un grand par la pénitence, l’autre par le génie. Dans sa licence, Bossuet n’atteignit qu’à la se-