Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
LIVRE PREMIER

rait pas voir madame de Montbazon, dont il avait entendu dire tant de bien. M. Ménage, qui, en qualité de bel esprit avait accès auprès de cette dame, fut la trouver, et lui dit que l’ambassadeur de Suède, ayant vu tout ce qu’il y avait de plus beau à Paris, croyait n’avoir rien vu s’il n’avait l’honneur de voir la plus belle personne du monde, qu’il lui demandait la permission de l’amener chez elle : « Qu’il vienne après-demain, répondit la duchesse, et qu’il se tienne ferme : je serai sous les armes. »

Tel est le récit de dom Gervaise. Madame de Montbazon ne vint point au rendez-vous. Déjà atteinte de la maladie qui l’emporta, elle ne parut sous les armes que devant la mort.

Malgré la dissimulation du peintre, on aperçoit le défaut principal de madame de Montbazon et le parti qu’elle savait tirer de son ami véritable et effectif.

Heureusement des femmes moins titrées rachetaient par leur désintéressement la rapacité des privilégiées.

Renée de Rieux, autrement la belle Châteauneuf, aimée de Henri III, fut mariée deux fois : elle épousa d’abord Antinotti, qu’elle poignarda pour cause d’infidélité ; ensuite Altovitti de Cas-