y rendre ;
Mais son hôte ne sait ce qu'il est devenu.
On saura bien l'avoir, après l'ordre obtenu.
Adieu, car il est temps de vous mettre à l'étude.
Je vais donc m'enfoncer dans cette solitude ; [530]
Et là, gesticulant et braillant tout le soû,
Faire un apprentissage, en vérité, bien fou.
Scène II
Moi, je fais l'oncle ; et toi, Lisette, es-tu contente ?
Tu voulais un beau rôle, et tu fais l'indolente.
Reste à s'en bien tirer. Ma fille est sous tes yeux. [535]
Tâche à la copier. Tu ne peux faire mieux ;
Le modèle est parfait.
N'en soyez pas en peine.
Je veux lui ressembler au point qu'on s'y méprenne.
J'ai d'abord un habit en tout pareil au sien ;
J'ai sa taille ; j'aurai son geste et son maintien. [540]
Enfin je veux si bien représenter l'idole,
Qu'elle se reconnaisse à la fadeur du rôle :
Et, comme en un miroir, s'y voyant traits pour traits,
Que l'insipidité l'en dégoûte à jamais.
Car, Monsieur, excusez ; mais vous et votre femme, [545]
Vous avez fait un corps où je veux mettre une âme.
L'indolence, en effet, laisse tout ignorer ;
Et combien l'ignorance en fait-elle égarer ?
Le danger vole autour de la simple colombe ;
Et, sans lumière, enfin, le moyen qu'on ne tombe ! [550]
Tu feras donc fort bien de la morigéner.
Qu'elle sache connaître, applaudir, condamner.
Qu'à son gré d'elle-même elle dispose ensuite.
Le penchant satisfait répond de la conduite.
C'est contre le torrent du siècle intéressé ; [555]
Mais, me regardât-on comme un père insensé,
Je veux qu'à tous égards ma fille soit contente ;