Que l'époux qu'elle aura soit selon son attente ;
Qu'elle n'écoute qu'elle et que son propre coeur,
Sur un choix qui fera sa perte ou son bonheur ; [560]
Qu'elle s'explique enfin là-dessus sans finesse.
Ce lieu rassemble exprès une belle jeunesse,
Vingt honnêtes partis, dont le meilleur, je crois,
Ne refusera pas de s'allier à moi.
Ma fille est riche et belle. En un mot, je la donne [565]
Au premier qui lui plaît ; je n'excepte personne.
Pas même le poète ?
Au contraire, c'est lui
Que je préférerais à tout autre aujourd'hui.
Je ne le crois pas riche.
Eh bien ! J'en ai de reste.
J'aurai fait un heureux : c'est passe-temps céleste. [570]
Favorisant ainsi l'honnête homme indigent,
Le mérite une fois aura valu l'argent.
Je vois, dans ce choix libre, un contre-temps à craindre,
Qui rendrait votre fille extrêmement à plaindre.
Et quel ?
C'est que son choix pourrait tomber très bien [575]
Sur tel qui, sur une autre, aurait fixé le sien ;
Et pour lors il serait moins aisé qu'on ne pense
De ramener son coeur à de l'indifférence.
Scène III
Tu parles juste. Aussi j'ai pris soin de savoir
L'histoire de tous ceux qu'ici j'ai voulu voir. [580]
Et celle du jeune homme à qui l'on donne un rôle,