Songe donc qu'elle porte un poète et sa fortune !
Telle gloire le peut couronner aujourd'hui,
Qui mettrait père et fille à genoux devant lui. [1480]
De ce coup décisif l'instant fatal approche.
L'amour m'arrache un temps que l'honneur me reproche.
Adieu. Que devant nous, tout s'abaisse en ce jour ;
Et que tous nos rivaux tremblent à mon retour !
Scène II
Telle gloire le peut couronner... j'ai beau dire, [1485]
Dorante pourrait bien avoir ici du pire.
Faisons la guerre à l'oeil ; et mettons-nous au fait
De ce coup qui doit faire un si terrible effet.
Scène III
Lucile, redoublez de fierté pour Dorante,
Vous n'êtes pas encore assez indifférente. [1490]
Vous souffrez qu'il vous parle ; et je défends cela
Tout net ! Entendez-vous, ma fille !
Oui, mon père.
Ah !
C'est toi, Lisette ?
Eh bien ! C'est moi, je tiens parole.
Lui ressemblé-je assez ? Jouerai-je bien son rôle ?
L'oeil du père s'y trompe ; et je conclus d'ici [1495]
Que bien d'autres, tantôt, s'y tromperont aussi.
Admirez, en effet, comme elle lui ressemble !
Quand commencera-t-on ?
Tout à l'heure ; on s'assemble.
Cependant, va chercher ta maîtresse, et l'ins