Page:Chefs-d'oeuvre des auteurs comiques, Tome 5, 1846.djvu/250

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truis

Des dispositions où tu vois que je suis. [1500]

Si j'eus une raison, maintenant j'en ai trente

Qui doivent à jamais disgracier Dorante.



Scène IV

Francaleu, Damis.
FRANCALEU

La coquine le sert indubitablement,

Et m'en a, sur son compte, imposé doublement.

Sur quoi donc, s'il vous plaît, vous a-t-il fait querelle ? [1505]

DAMIS

Sur un malentendu : pour une bagatelle.

FRANCALEU

Ce procédé l'exclut du rang de vos amis ?

DAMIS

Quelque ressentiment pourrait m'être permis ;

Mais je suis sans rancune ; et ce qui se prépare

Va me venger assez de cet esprit bizarre. [1510]

FRANCALEU

Ce que j'apprends encor lui fait bien moins d'honneur.

DAMIS

Quoi donc ?

FRANCALEU

Qu'il est le fils d'un maudit chicaneur,

Qui, n'écoutant prière, avis, ni remontrance,

Depuis dix ou douze ans, me plaide à toute outrance.

Des sottises d'un père, un fils n'est pas garant : [1515]

Mais le tort que me fait ce plaideur est si grand,

Que je puis, à bon droit, haïr jusqu'à sa race.

Ce procès me ruine en sotte paperasse ;

Et sans le temps, les pas, et les soins qu'il y faut,

J'aurais été poète onze ou douze ans plus tôt. [1520]

Sont-ce là, dites-moi, des pertes réparables ?

DAMIS

Le dommage est vraiment des plus considérables.

Il faut que le public intervienne au procès,

Et conclue, avec vous, à de gros intérêts.

Et Dorante n'a-t-il contre lui que son père ? [1525]

FRANCALEU

Pardonnez-moi, monsieur, il a son caractère.