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LE PARFUM DES PRAIRIES

le poignard à la main, en cachant le bas de leur figure avec un pan de leur haïk.

— Quels sont ceux qui nous attaquent ainsi pendant la nuit ? Que voulez-vous ? s’écria Zora, pleine de colère.

— C’est toi que nous désirons, répondit Bou-el-haïa.

— Mais qui donc es-tu ?

— Souviens-toi de celui qui t’a rencontrée dans la forêt.

— Et comment êtes-vous entrés ici ?

— Par la puissance de Dieu.

La belle Zora se mit à réfléchir : elle aurait bien voulu sauver les jeunes filles qui l’entouraient. Aucun homme ne les avait jamais possédées ; et elle semblait déjà pleurer sur sa vertu et sur celle de ses protégées, lorsqu’elle se souvint d’une femme nommée Mina, qu’aucun homme n’avait jamais pu rassasier et qui se trouvait justement au palais ; elle pensa qu’au moyen de cette dame elle pourrait donner le change à ceux qui étaient venus si méchamment envahir sa demeure, et se sauver de leurs violences.

— Qu’exigez-vous de moi ? dit-elle aux deux amis.