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LE PARFUM DES PRAIRIES

du Vizir de son père et garda sa femme. Puis il exila son grand Vizir ainsi que son épouse, qui avait entretenu pendant si longtemps et à si grands frais le nègre Debrom.

Ensuite faisant venir la vieille qui procurait des filles aux noirs :

— Pourquoi, dit-il, amènes-tu ainsi les femmes aux hommes ? Que signifie ce vilain métier ?

— Le métier est fort lucratif, répondit l’édentée, il y a dans ton royaume bon nombre de dames qui font comme moi.

Le Sultan se fit amener toutes les caouadas de son empire et ordonna qu’on les mît à mort. Il fit aussi périr toutes les femmes infidèles et tous les maris trompés, fit raser leurs maisons et passer le feu sur les ruines, pour détruire la graine du cocuage.

Mais en ceci il se trompa fort, car depuis comme avant, tout mari qui a confiance en sa femme et qui ne la surveille pas à chaque instant du jour et de la nuit, est sûr d’être cocu des pieds à la tête, et tellement bafoué qu’il vaudrait mieux pour lui se faire enterrer tout de suite dans un silo.

Ô Allah ! fais éloigner de nous les femmes mauvaises desquelles adviennent de si grands maux !