Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/101

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front radieux se pencher vers lui pour venir chercher ses lèvres. On a tort de dire qu’il n’est rien de tel que le premier baiser : le second plongea Horace dans une si douce ivresse qu’il lui fut impossible de travailler sans distraction le reste du jour. Il était occupé à se souvenir.

Il n’était pas au bout de ses étonnements. En arrivant le surlendemain au rendez-vous que lui avait donné son oncle, il apprit que la veille M. de Miraval était parti, et cette fois tout de bon. Pour où, c’est ce qu’on ne put lui dire. Il avait soldé sa note, quitté l’hôtel sans autre explication. Le marquis se doutait-il que les inconséquences, que le décousu de sa conduite portaient le trouble dans le cœur d’une femme adorable et attentaient même au repos de ses nuits ? Mme Corneuil se trouva replongée dans ses perplexités, qui prirent sur son humeur. Mme Véretz eut beaucoup de peine à se défendre, quoique à vrai dire elle n’eût rien à se reprocher.

« Bah ! leur disait Horace, nous nous affectons trop de tout cela. A quoi bon nous tourmenter, nous mettre martel en tête ? Ne soupçonnons pas de noirs mystères où il n’y en a point. Je n’avais pas vu mon oncle depuis deux ans. Peut-être, si vert qu’il paraisse, l’âge lui fait-il sentir ses atteintes ;