Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/107

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« Mon cher enfant, M. de Miraval s’était chargé de te faire connaître toute ma pensée sur le mariage que tu médites. Que parles-tu de complots ? Ton oncle m’a écrit ; pour te prouver à quel point je suis de bonne foi dans cette affaire qui me donne tant de soucis, je prends le parti de t’envoyer sa lettre, en te suppliant de ne lui en rien dire, car sûrement il aurait peine à me pardonner mon indiscrétion. Tu verras par cette lettre combien il est peu prévenu contre la femme que tu aimes, et partant combien les objections qu’il fait à ton projet méritent d’être prises par toi en sérieuse considération. Ta mère, qui ne souhaite que ton bonheur. »

La lettre du marquis était ainsi conçue :

« Ma chère Mathilde, j’ai tardé à prendre la plume, et je t’en fais mes excuses. La cas est tout autre que je ne pensais et demande beaucoup de réflexions. Je n’ai que peu d’espoir de réussir à détacher Horace de celle que j’appelais « sa couleuvre du Nil ». Je t’avais promis d’exercer en cette rencontre tous mes talents diplomatiques. J’avais tort de me faire blanc de mon épée ; que peut la diplomatie contre une pareille femme ? Tu n’ignores pas que je suis arrivé ici armé de préventions jusqu’aux dents ; tu n’ignores pas non