Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mal gré, les oreilles s’imprègnent. Tu es une heureuse femme, ma chère ; M. de Miraval l’a dit, tu as le talent de dormir sans en avoir l’air.

— Voilà une plaisanterie d’un goût douteux, riposta Mme Corneuil avec hauteur.

— Je ne t’en fais pas un crime, on se défend comme on peut contre Apépi ; chacun s’arrange à sa manière pour ne pas recevoir la pluie… Mon Dieu ! ce cher garçon peut avoir des travers, cela n’empêche pas qu’il n’ait un cœur excellent et le reste ; cela ne l’empêche pas non plus d’être adoré.

— Eh ! oui, je l’adore, répliqua Mme Corneuil d’une voix aigre, ou du moins M. de Penneville m’est infiniment cher, et je vous prie de n’en pas douter. »

Mme Véretz se remit à broder, et après quelques instants de silence :

« Bon Dieu ! quel dommage !

— Qu’est-ce encore ?

— Quel dommage que l’oncle ne soit pas le neveu ou que le neveu ne soit pas l’oncle !

— De quel oncle parlez-vous ?

— Du marquis de Miraval.

— De ce conspirateur ? de cet affreux vieillard ?

— Tu ne l’as pas bien regardé, il n’est pas affreux du tout. Le regard est charmant, la voix est