Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/116

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jeune, la main potelée et coquette, une vraie main de diplomate ou de prélat. Il te déplaît donc beaucoup ?

— Infiniment.

— Tu es injuste, très injuste, il a plusieurs genres de mérite. D’abord il est marquis, l’autre n’est que comte, et les comtes courent les rues. Ensuite il n’a pas soixante mille livres de rente, il en a plus du triple.

— Deux cent mille, dit Mme Corneuil. A quoi vous arrêtez-vous là ?

— Autre avantage : s’il lui plaisait de convoler, il n’aurait pas besoin de faire agréer son mariage à sa mère. Nous aurons beau faire, Mme de Penneville ne nous agréera jamais. Tu verras qu’elle se brouillera avec son fils, et ce sera une mauvaise note pour toi. Le monde en pareil cas prend toujours le parti des mères. Et puis M. de Miraval n’est pas un antiquaire, c’est un homme du monde et, qui plus est, un grand ambitieux. Il a formé le projet de rentrer dans la vie politique ; avant peu de mois, il sera député ou sénateur, à son choix.

— Qui vous l’a dit ?

— Lui-même, et il ajoutait que son seul chagrin est de n’être pas marié, parce qu’il aura besoin d’avoir un salon, et, sans femme, point de salon. L’autre n’a de goût que pour les caveaux, et il ne