Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/127

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à signer, si Bossuet ne lui en disputait l’honneur… M’écoutez-vous ? .. Elle a fait don de ces précieux volumes à un homme qui prétend l’aimer ; l’infortuné n’a pu les lire jusqu’au bout. Que dis-je ? je les ai vus, ces deux volumes ; l’un n’est coupé qu’à moitié, l’autre est encore vierge, absolument vierge… Le plus beau de l’affaire est que le pauvre garçon s’imagine qu’il les a lus, et il est prêt à jurer qu’il les admire… Mais n’allez pas conter mon historiette à Mme Corneuil.

— Quand Mme Corneuil, ce qui ne peut manquer d’arriver un jour ou l’autre, répondit-elle en souriant, publiera un livre sur les devoirs des mères, soyez sûre qu’elle comptera l’indiscrétion au nombre de leurs vertus. Hélas ! oui, les mères sont tenues quelquefois d’être indiscrètes, et l’historiette que vous m’avez contée est bien propre à éclairer ma fille sur ses sentiments et sur ceux qu’on affecte d’avoir pour elle. Au surplus, je dois vous confesser qu’elle-même…

— Parlez, madame, parlez. Vous devez, dites-vous, me confesser qu’elle-même…

— Oh ! ma fille est une âme profonde qui renferme ses sentiments. Mais, depuis quelque temps, je la vois pensive, soucieuse, presque triste, et je