Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/146

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virulentes, par des exclamations comme celle-ci : « N’est-ce pas toi qui es la cause de tout ? » On raconte qu’il y a eu dans ce siècle une reine très intelligente, très éclairée, pleine de bons sentiments, qui exerçait une grande et légitime influence dans les affaires de l’État. Le roi son époux aimait à prendre ses conseils et s’en trouvait bien. Malheureusement, il lui arriva un jour de se tromper, et le sort de toute une vie se décide souvent en une minute. De ce moment, elle ne fut plus consultée ; les gens qu’elle recommandait n’étaient plus agréés ; son auguste époux disait : « Tout ce monde m’est suspect, ce sont les amis de ma femme. » Pour s’être trompée une fois, Mme Véretz a perdu toute son influence, tout son crédit. Sa fille lui rappellera éternellement qu’un jour elle lui a fait lâcher la proie pour courir après une ombre en cheveux blancs.

Quand le comte Horace de Penneville se présenta à la gare de Genève, impatient de s’embarquer dans le train qui part non à trois heures, mais à trois heures et vingt-cinq minutes de l’après-midi, son étonnement fut grand d’apercevoir à l’un des coins du wagon où le hasard le fit monter le marquis de Miraval, son grand-oncle, qui, tout en l’aidant à caser convenablement sous les banquettes