Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/165

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par le bon côté, et se laisse vivre au jour le jour, sans s’inquiéter de rien ni de personne, peu curieuse de ce qui se passe ici-bas et encore bien moins, j’imagine, de ce qui peut se passer là-haut.

Je fis naguère sa connaissance ; elle avait le larynx délicat, comme M. Severn ; elle me fut adressée par je ne sais qui, et elle se loua de mes soins. Depuis lors, nous sommes restés bons amis ; comme elle demeure dans mon voisinage, en passant devant ma porte, elle s’informe de moi, et, sûre d’être bien reçue, elle vient souvent me trouver, tantôt pour me consulter, tantôt pour faire un bout de causette. On m’a toujours dit que j’ai une figure ronde et ouverte qui inspire la confiance ; Mlle Perdrix m’honore de la sienne, et elle se plaît à me conter ses petites histoires comme à son confesseur. Je ne me flatte pas qu’elle me dise tout ; si bonnes filles qu’elles soient, les femmes ne disent jamais tout. Au demeurant, son écheveau est facile à débrouiller, et ses cas de conscience, dont elle m’entretient, ne sont pas des affaires bien compliquées ni qui lui donnent beaucoup de tablature. Ce qui la tourmente bien davantage, c’est une malheureuse disposition à l’embonpoint, qui se prononce et va croissant d’année en année ; c’est là-dessus qu’elle me consulte