Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/176

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de monter sur votre céléripède, tournez les yeux de mon côté, décrivez un cercle avec votre baguette, et vous serez à jamais bénie de celui qui vous adore et qui ose s’appeler votre Edwards. » Cette fois, je savais son nom ; c’était toujours cela de gagné ; mais vous pouvez me croire, les pattes d’araignée me donnèrent beaucoup à penser. J’étais perplexe, très tourmentée. Je ne dormis pas trois heures cette nuit-là, et en me réveillant je fis plus de réflexions dans l’espace de vingt minutes que je n’en avais fait durant toute ma vie, c’est-à-dire pendant vingt-deux ans et sept mois… Car je ne crains pas de dire mon âge. « Si vous dites oui, vous sauverez deux hommes… » Cette phrase me revenait sans cesse à l’esprit, et il me parut que le bel Edwards était encore plus fou que beau. La fée Mêlimêlo eut une grosse dispute, une grosse querelle avec Rose Perdrix. La fée aimait les mystères, les aventures, les yeux noirs, les moustaches frisées ; Rose Perdrix se défiait des fous. Quand ils vous tiennent, ils ne vous lâchent plus ; c’est une affaire du diable de s’en débarrasser, et à la vérité on a quelquefois du plaisir avec eux, mais cela ne dure guère.

— Rien n’est plus vrai, dis-je à Mlle Perdrix. Le plaisir passe et le fou reste.