Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

menaçai de lui en cingler la figure. Il se calma, paya l’addition, et nous repartîmes par Paris en nous boudant un peu, mais en chemin nous fîmes la paix.

« Je le quittai pour aller au théâtre, je le retrouvai chez moi vers minuit. Il était tout à fait dégrisé ; par malheur, il avait réussi à se procurer de nouveau ce maudit journal anglais que je lui avais arraché des mains à Villebon. Il interrompit sa lecture pour me crier :

« — Eh ! oui, ce sont des misérables, et le plus misérable de tous, c’est lui, c’est lui… Je ne veux pas le nommer.

« Puis, se frappant le front de ses deux poings :

« — Ah ! si tu savais, ma chère, ce qu’il y a là dedans !

« — Je n’ai aucune envie de le savoir, lui répondis-je avec humeur ; je tombe de sommeil.

« — Et moi aussi, me répliqua-t-il du plus grand sang-froid.

« Cela dit, il s’assit sur le bras d’un fauteuil et se remit à lire son journal.

« Il pouvait être deux heures quand je fus réveillée par le bruit que firent subitement des éclats de verre qui tombaient sur le plancher. Je me mis sur mon séant. Edwards avait laissé filer